Je crache du sang sans tousser : Hématémèse ou hémoptysie ?

Comprendre la différence entre hématémèse et hémoptysie

Faire la distinction entre ces deux termes médicaux qui peuvent sembler complexes mais qui décrivent des réalités bien différentes.

C’est quoi l’hématémèse ?

Hématémèse def : c’est tout simplement le fait de vomir du sang. Ce sang provient du système digestif, généralement de l’estomac ou de l’œsophage. Il peut apparaître sous différentes formes :

• Sang rouge vif, quand le saignement est récent et abondant
• Sang noirâtre ressemblant à du marc de café, lorsque le sang a séjourné dans l’estomac et a été partiellement digéré
• Mélangé à des aliments ou à des sécrétions gastriques

L’acidité gastrique transforme l’hémoglobine en hématine, donnant cette couleur foncée caractéristique. On peut parfois confondre ce phénomène avec un simple crachat de sang, surtout quand le volume est faible ou quand le patient ne ressent pas clairement la sensation de vomissement.

Qu’est-ce que l’hémoptysie ?

Hémoptysie def : Désigne l’expectoration de sang provenant des voies respiratoires inférieures, bronches ou poumons. Bien que généralement associée à la toux, l’hémoptysie peut parfois survenir sans effort de toux notable, notamment lors d’un simple raclement de gorge.

Le sang expectoré dans l’hémoptysie présente souvent ces caractéristiques :

• Rouge vif et aéré, parfois mousseux
• Mélangé à des glaires ou du mucus
• Rarement associé à des restes alimentaires

Dans certains cas, le sang peut simplement « remonter » dans la gorge sans véritable toux, créant cette confusion avec l’hématémèse. C’est pourquoi la distinction peut s’avérer délicate, même pour les professionnels de santé.

Découvrez également notre article comment éviter la grippe ici

1-Après avoir craché du sang d’origine pulmonaire, vous pourriez continuer à en expectorer pendant plusieurs heures, tandis que l’hématémèse est généralement un épisode plus ponctuel.

2-L’environnement dans lequel survient le saignement : Les saignements qui surviennent après les repas ou lors d’efforts pour vomir suggèrent une origine digestive, tandis que ceux apparaissant après un effort physique ou une infection respiratoire pointent davantage vers une origine pulmonaire.

Symptômes associés qui orientent le diagnostic

Au-delà de l’aspect visuel du sang, certains symptômes accompagnateurs peuvent vous aider à identifier l’origine du saignement.

1-Hématémèse : Dans le cas d’un saignement d’origine digestive, vous pourriez ressentir :

• Des douleurs abdominales, particulièrement dans la région épigastrique
• Des nausées persistantes avant l’épisode de saignement
• Une sensation de brûlure rétrosternale (reflux acide)
• Une satiété précoce ou une perte d’appétit

2- « Quand je me racle la gorge je crache du sang » : L’hémoptysie

L’hémoptysie s’accompagne généralement de manifestations respiratoires, même si la toux n’est pas toujours présente. Parmi ces symptômes, on retrouve souvent :

• Une gêne ou douleur thoracique
• Un essoufflement, même au repos
• Une sensation de « raclement » dans la gorge
• Des antécédents d’infections respiratoires récentes

Si vous constatez des traces de sang en vous raclant la gorge le matin, mais n’avez pas de toux, cela peut faire penser d’abord à un problème digestif. Si vous constatez une légère difficulté à respirer lors d’efforts modérés, le diagnostic orientera plutôt vers une origine pulmonaire.

Lire aussi notre article sur la vasectomie homme ici

Je crache du sang sans tousser : Origines digestives (hématémèse)

Plusieurs affections du système digestif peuvent provoquer une hématémèse. Les plus fréquentes sont :

1-Les ulcères gastroduodénaux : Véritables plaies de la muqueuse gastrique ou duodénale, ils peuvent éroder des vaisseaux sanguins et provoquer des saignements. L’infection à Helicobacter pylori et la prise prolongée d’anti-inflammatoires en sont les principales causes.

2-Les varices œsophagiennes : Ces veines dilatées dans l’œsophage, souvent liées à une cirrhose du foie, peuvent se rompre et saigner abondamment. C’est d’ailleurs l’une des causes les plus graves d’hématémèse.

3-D’autres affections peuvent également être responsables :

Je crache du sang sans tousser : Origines respiratoires (hémoptysie sans toux)

• La tuberculose : Bien que moins fréquente aujourd’hui, elle reste une cause importante d’hémoptysie dans certaines régions
• L’embolie pulmonaire : L’obstruction d’une artère pulmonaire peut entraîner un infarctus pulmonaire et des saignements
• Les malformations artérioveineuses : Ces anomalies vasculaires congénitales peuvent saigner spontanément.

1-Examens pour l’hématémèse

Face à une suspicion d’hématémèse, plusieurs examens peuvent être proposés :

1-La fibroscopie digestive haute (FOGD) reste l’examen de référence. Elle permet de visualiser directement l’œsophage, l’estomac et le duodénum pour localiser précisément la source du saignement. Cette procédure peut également avoir un intérêt thérapeutique, permettant de cautériser les vaisseaux qui saignent.

2-D’autres examens complémentaires sont souvent nécessaires :

• Tests sanguins (hémogramme, bilan de coagulation, fonction hépatique)
• Échographie ou scanner abdominal pour évaluer le foie et les autres organes
• Recherche de sang occulte dans les selles

Ces examens permettent non seulement d’identifier la source du saignement, mais aussi d’évaluer sa gravité et son impact sur l’organisme.

2-Examens pour l’hémoptysie

Pour diagnostiquer une hémoptysie, l’approche est différente et fait appel à des techniques d’imagerie thoracique et d’exploration des voies respiratoires :

1-La radiographie thoracique est souvent le premier examen réalisé. Simple et rapide, elle peut mettre en évidence des anomalies évidentes comme des tumeurs ou des infections. Cependant, elle manque parfois de précision pour les lésions plus petites.

2-Le scanner thoracique offre une vision bien plus détaillée des poumons et des bronches. Il est particulièrement utile pour détecter les bronchectasies, les tumeurs de petite taille ou les malformations vasculaires.

3-La bronchoscopie : Cette procédure consiste à introduire un tube flexible muni d’une caméra dans les voies respiratoires. Elle permet non seulement de localiser précisément la source du saignement, mais aussi de prélever des échantillons pour analyse et parfois même d’arrêter le saignement.

4-En fonction du contexte clinique, d’autres examens peuvent être indiqués :

• Tests de la fonction respiratoire pour évaluer l’impact sur la capacité pulmonaire
• Angioscanner pulmonaire en cas de suspicion d’embolie ou de malformation vasculaire
• Examens microbiologiques sur les expectorations pour rechercher une infection

Signes d’urgence pour l’hématémèse

Face à un vomissement de sang, certaines situations doivent vous alerter immédiatement. N’attendez pas si vous observez :

• Un saignement abondant : Quand le volume de sang est important (plus d’une tasse à café), c’est une urgence vitale. Un minimisant un tel épisode, vous pouvez arriver aux urgences en état de choc hypovolémique quelques heures plus tard.
• Du sang noir ou en « marc de café » : Cette apparence témoigne d’un séjour prolongé dans l’estomac et souvent d’un saignement continu. Ne vous rassurez pas simplement parce que ce n’est pas rouge vif. Ce signe est aussi alarmant.

À savoir : Les signes de choc (pâleur, sueurs froides, vertiges, pouls rapide) accompagnant un saignement digestif constituent une urgence absolue. Appelez immédiatement les secours.

Certains facteurs aggravent le risque : la prise d’anticoagulants, une maladie hépatique connue ou des antécédents d’ulcères compliqués. Dans ces cas, même un saignement apparemment minime justifie une consultation rapide.

Je crache du sang sans tousser : Signes d’urgence pour l’hémoptysie

Pour les saignements d’origine pulmonaire, voici les signaux qui doivent vous pousser à consulter sans attendre :

• Quantité de sang expectoré : Au-delà d’une cuillère à soupe, le risque d’inondation des voies respiratoires devient préoccupant
• Difficultés respiratoires : Essoufflement, respiration sifflante ou sensation d’étouffement associés au saignement
• Récidives rapprochées : Plusieurs épisodes de crachats sanglants, même minimes, en quelques jours

Certains patients sont particulièrement à risque face à une hémoptysie : ceux souffrant de BPCO, d’immunodépression, ou ayant des antécédents de tuberculose. Chez ces personnes, même un saignement minime mérite une évaluation rapide.

En cas de doute, n’hésitez pas, consultez. Il vaut toujours mieux une visite médicale « pour rien » qu’un retard diagnostique potentiellement grave.

1-Traitements de l’hématémèse

La prise en charge d’un saignement digestif dépend de sa cause et de sa gravité. Dans les cas d’ulcères, la première ligne de traitement repose généralement sur les inhibiteurs de la pompe à protons plus connus sous le nom d’IPP. Ces médicaments réduisent drastiquement l’acidité gastrique, permettant aux lésions de cicatriser.

Pour les saignements actifs, l’endoscopie n’est pas seulement diagnostique, elle devient thérapeutique. Au cours de cette procédure, le gastroentérologue peut :

Dans les cas sévères ou réfractaires, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. C’est notamment le cas pour certains ulcères perforés ou des varices œsophagiennes incontrôlables.

2-Traitements de l’hémoptysie

Du côté pulmonaire, les approches thérapeutiques ont beaucoup évolué, notamment au niveau des techniques de prise en charge devenues moins invasives.

Pour les saignements modérés, les médecins peuvent recourir à l’embolisation artérielle : une procédure qui consiste à « boucher » le vaisseau responsable du saignement. C’est particulièrement efficace pour les malformations artérioveineuses ou certaines bronchectasies.

Dans les cas plus complexes, notamment les tumeurs, la chirurgie thoracique peut être indiquée. Grâce aux avancées en chirurgie robotique, les chirurgiens réalisent des résections précises avec une récupération post-opératoire bien plus rapide qu’auparavant.

Bien entendu, le traitement de la cause reste primordial : antibiothérapie pour les infections, chimiothérapie pour certaines tumeurs ou traitement anticoagulant pour les embolies pulmonaires.

Cracher du sang sans tousser peut provenir de deux sources bien distinctes : le système digestif (hématémèse) ou les voies respiratoires (hémoptysie). Les distinguer est essentiel pour un diagnostic et un traitement adaptés.

Retenez ces points clés : L’aspect du sang donne des indices précieux : foncé et mélangé à des aliments pour l’origine digestive, rouge vif et mousseux pour l’origine pulmonaire. Les symptômes associés orientent le diagnostic : douleurs abdominales ou nausées pour l’hématémèse, gêne respiratoire pour l’hémoptysie. Ne tardez pas à consulter, surtout en cas de saignement abondant ou récurrent. Dans tous les cas, une évaluation médicale approfondie est nécessaire.